Le songe d'une nuit d'hiver
Le songe d’une nuit d’hiver
« Le Songe d’une nuit d’hiver » de Denis Infante, un texte écrit initialement pour le théâtre que nous avons choisi de présenter sous la forme d’une « Lecture Théâtralisée », particulièrement adaptée aux lieux dédiés au livre : médiathèques, bibliothèques, librairies, etc.
Une jeune-femme, Claire, seule survivante d’un accident d’avion au-delà du cercle polaire est recueillie par un ours blanc (Ursus Maritimus), Ours.
Comme nous sommes au théâtre, Ours parle.
Bloquée avec Ours dans un abri sous roche par -50°C, dans une nuit permanente (l’action se situe aux alentours du solstice d’hiver), Claire a bien conscience de la précarité de sa situation, de sa vulnérabilité. Elle a fait promettre à Ours de rester avec elle jusqu’à la fin, cependant leur contrat tacite va plus loin.
Ours prend soin de Claire autant qu’il peut. Il la soutient dans son désespoir. Ours espère maintenir Claire en vie jusqu’à la venue de la lumière, jusqu’au retour du soleil.
Mais les temps sont perturbés…
Le Prologue : https://youtu.be/UZNqIjIR4Bc
Texte et mise en lecture : Denis Infante
avec Carole Dubray, Julien Reboul
Enregistrement voix : Jean-Marc Balois
Production : État Limite avec le soutien du Collectif Ariane Diotime / Lionel Bernard.
Extrait texte :
Claire – Il ne faut pas que j’oublie, Ours il ne faut pas que ma mémoire s’efface, ni les mots, ni les noms… Il y avait un mot, pour chaque chose, chaque couleur, chaque nuance. Le ciel et la mer et le ciel se reflétant sur la mer. Un mot pour chaque odeur, chaque matière, chaque grain sous ma main, chaque particule sur ma peau. Il y avait un nom pour chacun, les arbres, les oiseaux, les animaux sous le soleil, les vivants et les morts. Les humains. Il y avait un nom pour chaque sensation, chaque sentiment. Nous parlions entre nous, nous parlions seuls. Nous disions des vérités, ou nous mentions. Nous inventions le monde, ou parlions des heures pour ne rien dire. La parole des sages n’avait pas plus de force que la parole des sots. Parfois il y avait trop de mots, et nous faisions silence… Il faut que je me souvienne d’autres sensations que le froid et le blanc, que la terreur et la solitude. Que le vide et le vent. (Long silence) Est-ce que tu m’oublieras, toi aussi ? Je veux dire, après, est-ce que tu m’oublieras ?!